LE CARNET DES EDITEURS
��LA VIE FINANCIÈRE
��Les nécessités du tirage de <( La Nouvelle Revue Française » nous obligeant à livrer à l'imprimerie le bulletin ci-dessous quinze jours avant son apparition, nous nous bernons k y insérer des aperçus d'orientation générale. Mais notre SERVICE DE REN- SEIGNEMENTS FINANCIERS est à la disposition de tous nos lecteurs pour tout ce qui concerne leur portefeuille, valeurs à acheter, à vendre ou à conserver, arbitrages d'un titre contre un autre, placement de fonds, etc.
Adresser les lettres à M. Léon Vigneault, 5, rue de Vienne, Paris, VIII^ Arrondissement.
��LA FINANCE
A propos de tuyaux.
La Bourse a connu depuis trois ans les crises les plus vio- lentes de fièvre spéculative et les séances les plus vides. On comprend que la question de savoir qui gagne ou qui perd à la Bourse se soit posée de la sorte avec plus d'acuité que dans les périodes de grand calme oii les cours ne varient qu'avec la plus extrême timidité. Un économiste fort distingué parmi les plus distingués a répondu à cette question d'une façon péremptoire : seuls, a-t-il déclaré, les gens en mesure de recueillir des tuyaux peuvent gagner de l'argent en spéculant.
Il faut, à son sens, pour y arriver, vivre au milieu des bour- siers, fréquenter les antichambres des hommes politiques, cou- doyer les dirigeants des banques et des grandes sociétés indus- trielles, moyennant quoi on joue à coup sûr. Seuls, les malins qui ont recueilli au bon endroit les précieux tuyaux, peuvent faire fortune à la Bourse... Et notre économiste d'ajouter que le brave homme possesseur de quelques épargnes lentement accumulées, ne pourra jamais les accroître à la Bourse, car éloigné par ses occupations des milieux où se font les événe- ments, où se forgent les nouvelles, si l'on veut parler plus modestement, il ne pourra jamais être informé à temps.
Si notre économiste connaissait mieux le monde des spécu- lateurs, il saurait, au contraire, que ce sont les gens les mieux renseignés qui ont sauié il y a deux ans, lors du dégonfiement précipité du boom. Tels employés supérieurs d'une de nos grandes firmes de pétrole, tels dirigeants d'une de nos grandes banques, voyaient la Royal Dutch à loo.ooo francs et la De Becrs à 2.000 ! Leur simple bon sens a, par contre, empêché nombre de petits capitalistes qui avaient alors de toutes petites posi-
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