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RÉFLEXIONS SUR LA LITTÉRATURE 7I

connu qui parle à travers les œuvres littéraires, a des délicatesses pareilles, il vient comme un voleur à l'instant où il n'est pas attendu. S'il admet d'être attendu, il ne souffre pas d'être guetté. On le guettait trop.

En le guettant on lui dictait ses formes. On n'avait pour exprimer une sensibilité nouvelle que des formes littéraires anciennes. On peut dire sans exagération que presque toute la littérature de guerre dérive de deux types : celui de Servitude et grandeur militaires et celui du roman naturaliste ; le livre de méditation morale individuelle, et la tranche de vie. Notez d'ail- leurs que ces deux types appartiennent l'un et l'autre profondé- ment à ce qu'on pourrait appeler la littérature militaire de paix. Le capitaine Renaud est un anti-Lasalle, un anti-Marbot, il exprime une destinée manquéc de soldat, comme Chatterton exprime une destinée manquée de poète, comme Alfred de Vigny exprime personnellement les deux. Le livre de Vigny est le produit naturel d'un temps où l'on ne se bat plus. Et il en est de même, à un autre point de vue, du roman naturaliste, dont le type est fourni moins par l'artificielle et consciencieuse Débâcle que par l'innombrable roman de l'intellectuel à la caserne, genre Sous-Offset Miserey. Non seulement du temps où on ne se bat pas, mais de l'homme qui ne se croit pas fait pour se bat- tre, et qui, contre le métier militaire auquel il est contraint, réa- git en décomposant les ridicules et l'automatisme que comporte ce métier comme tous les métiers, à commencer (ou à finir) par celui de romancier naturaliste. Ce roman est produit naturelle- ment par une société où tout bourgeois doit passer par la caserne ; il l'a été plus naturellement encore après la loi de 1889, et la guerre lui a donné une ampleur, une carrière, une résonance illimitées. Si M. Barbusse n'avait pas écrit le Feu, la place du Feu eût été tenue par un des nombreux romans analogues. Aucun n'était plus attendu, son lit était tout fait. Le Feu a joué dans la littérature le rôle du Peut-on dire ? dans le journalisme : l'image qui représentait la lutte héroïque de notre Gustave et de la vieille dame aux ciseaux tenait dans la vie militaire laméme place que la vignette du P^7'^Dwc/;^e dans la vie révolutionnaire. Le roman naturaliste, comme le Peut-on dire ? attestait que le soldat savait en mettre un coup, mais qu'il n'était pas là pour son plaisir, ah mais non ! et qu'il prenait figure de réclamation

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