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NOTES 747

La mer de sa fraîche et lente salive Imprégna le sol du rivage grec Pour que votre fruit ambigu, l'olive Contienne Vénus et Cybèle avec.

Tout de votre adolescence chenue Me plaît, moi qui suis le soleil d'hiver Et qui, comme vous, sur la rose nue Penche un jeune front de cendres couvert.

Surtout que M. Cocteau n'aille pas découvrir Moréas. Si je ne savais que l'Endroit et l'Envers a été récité à la Comédie Fran- çaise je serais un peu inquiet d'entendre !e poète s'écrier :

Qu'importent le soleil et les marbres de Grèce

à la manière d'un lauréat du prix Archeon-Desperouse. « L'Ordre » n'en demande pas tant, nous non plus.

ROGER ALLARD

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ANDROLITE, par/. Portail, dessins à' A. Favory (Ed. de la Charmille).

Tout rompu et tout lyrique que soit le vaste poème de M. J. Portail, il forme à proprement parler une épopée. Le sujet n'en est rien de moins que l'éclosion et la déchéance de la civilisation humaine, en un lieu précis, au pied d'une montagne solitaire. Dieu de la plaine, vénéré par les premiers hommes, le mont protège la croissance des villages. La vie rustique germe à ses flancs, se développe, de l'enfance à la vieillesse, selon un rythme rude et monotone. Puis l'homme essaie d'atteindre plus haut ; les ermites fondent des con- fréries ; mais l'élan de la vie spirituelle retombe et fait place à d'autres ambitions. Sur les versants de la montagne s'ou- vrent des carrières ; la ville se construit ; les forces de la vie moderne s'y déchaînent ; l'outrance et l'artifice s'exaspèrent, jusqu'à ce que, affolée par son excès, la puissance se retourne contre elle-même, la science détruise ce qu'elle a édifié et que la guerre ramène la mort et le silence là où l'orgueil de l'homme avait cru dresser une œuvre éternelle.

J'ignore si l'on saura beaucoup de gré à J. Portail d'avoir

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