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LE CAMARADE INFIDELE 703

— NoEL, mon général, mais bien de lui rendre sa place entre elle et moi.

Pendant quelques secondes, M. de Pontaubault garde Le. silence; mais^ au réconfort de Vernois, il ne semble pas avoir compris.

— Comme vous voudrez, monami. Je ne prétendais que vous avertir. Je n'en garde pas moins votre pTomesse^

— Oh pardon, je n'ai rien promis. Je vous ai dit mon intention, mais je ne suis pas seul en cause.

— Voyons, voyons, ue vous fâchez pas. Cette collabo- ration dont nous avions fait le projet et qui devait repren- dre nos bonnes traditions des temps héroïques...

Cette fois Vernois se cabre tout à fait. Il faut qu'il satis- fasse un besoin de vengeance. Pourtant c'est presque sur un ton plaisant qu'il repartit :

— La collaboration. du temps de guerre n'était qu'un nom flatteur dont on récompensait notre obéissance. C'est nous qui en faisions tous ks frais. Mais ces miracles d'abné- gation ne se produiront pas deux fois. Le ressort est usé. Si par malheur il vous faut encore faire appel à nous, j'ai grand'peur que vous ne sachiez pas le retendre. Je vous présente mes respects, mon général.

��IV

��Dominant la crête déserte et les deux vallées, enseveli sous l'herbe folle qui ne parvient pas à en abolir le tracé, le fantôme du Chemin que se sont disputé deux mondes s'enfonce en ligne droite sons la broussaille de fil de fer, et,, encore impraticable aux vivants,, semble une voie, solen- nelle réservée au peupk àes ombres. La montée de la côte a été silencieuse et oppressée. Le petit Antoine lui- même,,. dont tous deux ont désiré la présence, n'a .pas posé une question. Mais lorsque, atteignant le sommet, ils voient s'ouvrir autour d'eux l'immense solitude et, sous le délicat

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