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LE CAMARADE INFIDELE 7OI

— Auparavant, mon général, je voudrais pourtant tenir une promesse faite à M™'= Heuland l'été dernier. Je dois la mener sur le front.

— Je l'y ai conduite moi-même, dit M, de Pontaubault, et je ne vois pas de profit à lui faire renouveler un aussi pénible pèlerinage.

— Je me suis trouvé mêlé de plus près que vous, mon général, au détail des événements. Je puis les lui faire comprendre d'une manière plus vivante. J'y tiens pour la mémoire de son mari.

Les soupçons de M. de Pontaubault prennent brusque- ment corps :

— Ah ça, dit-il revêchement, quelle nouvelle révélation lui ménagez-vous ?

Vernois blêmit :

— Je ne comprends pas, mon général.

— Il ne vous suffit donc pas de lui avoir fait connaître les frasques conjugales de ce vaurien. Vous voulez encore, à l'endroit où il est tombé...

D'un bond Vernois est sur ses pieds :

— Vous parlez de mon amitié pour M""" Heuland et vous me tenez pour capable...

— Mon ami, les hommes les plus délicats ne le restent pas toujours quand les intérêts d'un sentiment sont en jeu.

— Non, non ! Dans ces conditions il n'y a rien de fait. Celui qui cherche à liquider Heuland, ce n'est pas moi. Non, permettez^ mon général : un point doit être établi tout d'abord, avant quoi toute parole est inutile. Ces « frasques conjugales », est-ce elle qui vous en a parlé ?

— Peu importe. Toujours est-ce par vos soins qu'elle en a eu connaissance.

— Il importe si bien, que je refuse de m'effacer au cas où elle devrait garder de moi l'idée que vous exprimiez tout à l'heure. Je veux bien être un sot, mais pas ce que vous dites. Au reste, je ne sais pas pourquoi je me tour-

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