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688 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Elle lève sur lui un regard où luisent le défi et la volupté d'être maîtrisée.

— Eh bien, murmure-t-elle, c'est entendu; vous êtes le plus fort.

Il lui remet, l'un après l'autre, les paquets de lettres,

— Je vous en prie, dit-il, portez-les vite dans votre chambre. Je crois qu'une voiture vient de s'arrêter devant la maison.

Elle ne semble pas pressée :

— Comme il y en a, mon Dieu ! Comme nous nous sommes écrit en quinze mois !

Deux coups retentissent au timbre de l'entrée.

— Mais dépêchez-vous donc ! Prenez ce journal et enve- loppez-y tout cela !

Il l'aide à rouler un paquet, juste achevé quand la porte s'ouvre. Les joues rosies par l'air vif, dans l'élan et l'ani- mation de sa surprise, Clymène n'aperçoit tout d'abord que Vernois.

■ — ■ Comment avez-vous pu, s'écrie-t-elle, changer, sans m'en avertir, la date de votre voyage ! Moi qui étais par les rues à perdre mon temps d'une façon stupide...

Elle est essoufflée ; on ne saurait dire si c'est par l'émotion du plaisir, ou de la contrariété, ou pour avoir couru à travers l'antichambre.

— Et sûrement vous ne viendrez pas dimanche pro- chain... Les garçons sont si déçus... Ces hommes qui ne peuvent pas écrire un billet !

— C'est hier après-midi seulement qu'un de mes four- nisseurs m'a donné rendez-vous pour ce matin.

— Il y a le télégraphe et vous pouviez...

Elle s'arrête brusquement en apercevant M"" Gassin. Ses lèvres demeurent entr'ouvertes ; toute vie s'éteint sur son visage.

— Je vous demande pardon, balbutie-t-elle... Je suis entrée comme une étourdie...

Vernois tâche de la plaisanter; mais, comme un homme

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