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PIERRE BENOIT

��Tenter de discréditer Pierre Benoît est une entreprise vaine de la part d'un critique. Il risque le reproche de spéculer sur la célébrité de l'auteur de V Atlantide pour s'y tailler quelque réclame personnelle et, loin d'enlever un seul lecteur à Pierre Benoît, sans doute lui en procurerait- il de nouveaux. Il 5' a dans le Manuel de littérature fran- çaise de M. Gustave Lanson au moins une phrase qui mérite de durer, c'est celle qui a trait au démolissage de M. Georges Ohnet par Jules Lemaître. « A partir de ce moment, dit M. Lanson, on n'en lut pas moins Ohnet, mais personne n'osa plus s'en vanter. » Les cultes prohibés sont, comme on sait, les plus redoutables pour la santé publique. On jugera Pierre Benoît, si l'on veut, dans vingt ou dans cinquante ans. L'intéressant aujourd'hui, c'est de le définir, d'expliquer ses origines et sa prospérité.

Le salut de Benoît — et l'une de ses supériorités — c'est qu'il ne prend au sérieux ni ses romans, ni lui-même. La perte — en même temps que l'une des infériorités — de ses détracteurs, c'est de ne point se souvenir à son sujet de cette parole de Renan, recevant à l'Académie française M. Jules Claretie : « Il faut faire une part au sourire et à l'hypothèse que la vie ne serait pas quelque chose de bien sérieux » et de cet autre propos du même Renan : a Pour écrire librement, il faudrait que rien de ce qu'on écrit ne tirât à conséquence ».

Un siècle de romantisme et de « culte du moi » nous a accoutumés à exiger du romancier, comme du poète lyrique,.

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