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6^6 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

du film; la plus «ressemblante» aussi. Le terne Voyage au centre de l'Afrique, qu'a tourné la Svensk a-film, prouve de reste qu'il ne suffit pas d'avoir « pris » des girafes, des danses de nègres ou les mêmes nègres dévorant un hippopotame cru pour retrouver sur l'écran de vraies girafes et de vrais nègres. Quelques cônes et pyramides nous font mieux croire à la ker- messe où le docteur perfide présente son sujet Césare, l'assassin endormi.

Les personnages de Caligari sont moins déformés que les décors ; ils ne le sont pas assez : on leur voudrait des masques, ou des échasses. Ils rampent, gesticulent et expriment les divers sentiments, qui ont l'habitude d'agiter les acteurs.

JEAN PAULHAN

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��LES REVUES ET LES JOURNAUX

LE SOUVENIR DE JEAN PELLERIN

Henri Martineau, qui a su mieux que personne parler de Toulet, consacre au souvenir d'un autre mort : Jean Pellerin, le dernier numéro du Divan (février).

Francis Carco écrit :

Vingt fois, près de s'abandonner à de soudaines détresses, une sorte de stoïcisme l'en empêchait. Je veux dire que Jean Pellerin reprenait le dessus et que, si le terme de stoïcisme peut nous paraître un peu bien solennel, le poète écrivait :

Écartex^ les mots que j'aimais

De votre bouche lasse. Le dieu nous parle à voix trop basse :

On ne F entend jamais...

Or — qu'on le veuille ou non — ce stoïcisme qui n'acceptait aucun système et n'empruntait qu'à sa mesure, dans la sensibilité du poète, des moyens d'échapper au ridicule, est la clef de son œuvre. Par lui, Jean Pellerin rompt avec le désordre des pseudo-romantiques et le fatras du symbolisme. Il s'en sert comme d'un réactif puissant. C'est sa sauvegarde et il ne l'ignore pas.

Ailleurs l'on rappelle le poème que Jean Pellerin écrivit sur un déménagement, et ce dialogue entre lui-même et son amie :

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