NOTES 619
S'endormir satisfait de la possession d'un mérite aussi simple, • — voilà qui caractérise bien l'école de versificateurs que représente M. Drinkwater. Oscar Wilde et ses confrères ne se satisfaisaient pas à si bon compte. Malheureusement, plusieurs autres parmi les membres les plus brillants du groupe connurent des fins diversement désastreuses, et la petite société disparut.
Les quelques écrivains sérieux qui sur\'écurent ou firent leur apparition dans la vacance des années qui suivirent, apparaissent soudain comme extrêmement isolés. Thomas Hardy était déjà un survivant d'une époque antérieure ; Henry James et Joseph Conrad sont des figures solitaires. Le carac- tère le plus notable de la période qui part de 1896 résida dans un surjournalisiiie actif, populaire, et assez vulgaire. Ce reproche toutefois ne saurait être appliqué à aucun des écrivains les plus en vue de cette époque sans qu'on le qua- lifiât. Wells et Bennett possèdent l'un et l'autre une sorte de génie qui leur a permis de produire quelques livres remar- quables, et quelques passages remarquables dans des livres inférieurs. Shaw, qui est Irlandais et qui de plus bénéficia de l'avantage d'avoir fréquenté le cercle de Wilde, n'est un journaliste que dans sa méthode : les mobiles de sa produc- tion sont au contraire d'un sérieux intense, — mais d'un sérieirx qui n'est que rarement le sérieux propre à l'artiste littéraire. Parmi ces écrivains le plus douteux est probable- ment Chesterton, et même Chesterton fait montre à l'occa- sion de pénétration. Cependant, en dépit du mérite indi- viduel et de La très grande diversité qui existe entre leurs personnalités, l'influence exercée par tous ces hommes a tendu, à mon avis, dans une même direction ; la vulgari- sation de la littérature. Chez des écrivains qui ne possèdent pas leurs mérites, l'absence de tout critérium élevé devient intolérable.
Une forme quelconque de dégénérescence déborde souvent jusque sur la période suivante, et il n'est même pas rare que ce soit alors qu'elle donne naissance à ses produits les plus excessifs, à ceux qui attirent le plus le regard. La vulgari- sation commerciale dont je parle a progressé assidûment, et notre plus grand espoir réside dans la possibilité que le
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