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CHRONIQUE DRAMATIQJJE 595

hier. M. Jouvet, lui aussi, a été parfait dans Philinte. Non seu- lement par son débit nuancé, tranquille, moqueur, exprimant à merveille toute la philosophie sceptique du personnage, mais encore par ses attitudes, les moindres expressions de sa physio- nomie, dans les scènes muettes de son rôle. Quels yeux amusés, quel regard indulgent, quel sourire indifférent ! Il exprimait dans sa personne tout le comique des gens autour de lui qui s'emportaient, médisaient ou faisaient des grâces. Je ne sais si j'étais sous l'effet d'une illusion, mais M. Jouvet, dans ces scènes muettes, c'était pour moi le visage même de Molièie.

On se rappelle ce que j'ai dit de M. Paul Souday, dans cette même dernière chronique, à propos de la manière de jouer le Misanthrope et généralement le classique. M. Paul Souday m'a très aimablement répondu dans Comœdia en ces termes :

C'est justement pour jouer Molière avec naturel et d'une façon vivante qu'il faut un long apprentissage. Ce sont manifestement les novices qui débitent le classique comme une leçon. C'est précisément le grand art de le jouer comme si l'on improvisait qui ne s'improvise pas. A moins d'un génie exceptionnel, et encore ! tous les grands interprètes du classique s'y étaient préparés par de patientes études.

Cela ne manque pas de justesse.

MAURICE BOISSARD

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