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540 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

fleurissait d'une risible petite cage à étincelles en treillage métallique.

Les constructions pâles ont pris forme ; la côte s'est ordonnée sur plusieurs plans ; quatre wharfs ont eu tout le mal du monde à s'en détacher; je les ai lentement démêlés des accidents confus de la rive sur laquelle mon œil les laissait aplatis. C'est alors que j'ai vu s'isoler les uns des autres plusieurs bouquets de grands arbres gris, et se mo- deler un horizon de forme très molle.

Nous avons doublé par l'arrière quelques vapeurs dont je n'aurais jamais cru que j'oublierais les noms. Quand j'ai constaté que nous étions près de mouiller, je me suis levé et j'ai déjeuné à la hâte.

Le commandant en pijama a surgi comme j'achevais : « Fous vene:(^ à terre avec moi, Monsieur Blô ? — Bien sûr. Monsieur Chahaneix. Mais, dites voir, est-ce qu'il faut mettre le casque ? — Le casque ? Bè, je crois bien ! — Fous êtes sûr que... ? — Sûr que quoi ? — Sûr que ce ne sera pas de la iar- tarinade ? »

Le commandant qui allait de long en large, s'est arrêté net; il m'a regardé et a reniflé avec indignation : « Eh bè, ne le mettej^ pas le casque, Monsieur Blô, et vous verre:^ le joli coup de bambou que vous alle^ prendre. — Bon, bon. Je ne peux pas ni empêcher de trouver la chose un peu... Mais ça va alors, on le mettra. »

Une demi-heure plus tard, j'allais vérifier avec une certaine inquiétude, dans la grande glace du carré, la touche que me donnait ma figure de rien du tout, prise sous le grand casque des Indes que J. m'a prêté. Ce n'est pas sans un effort que je me suis résolu à déboucher dans cet aff'ublement sous le soleil de Dieu et sous les yeux de l'équipage.

La curiosité générale était ranimée par l'approche de cette terre, nouvelle pour beaucoup, quittée par d'autres depuis plusieurs années ; tout le personnel du bord, officiers, matelots et chauffeurs, était rassemblé autour de

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