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qui s'accompagne parfois si comiquement d'un certain air péné- tré — ne rend ceux qui l'adoptent « bien français » qu'à leurs propres yeux : souhaitons qu'il leur soit épargné qu'on les détrompe. Mais les autres au contraire, dans l'oeuvre desquels s'atteste cette reviviscence du tour authentique, prenons plaisir à les saluer. Marsan lui-même vient de s'acquitter de ce soin pour Jean Pellerin de qui le dernier numéro du D/î;a?2 commé- more dignement le souvenir, — un souvenir que garde avec une non moindre fidélité Roger AUard qui jusque dans la critique sait, ainsi que Jean Paulhan, introduire ce tour avec bonheur. Tous sans doute demeureraient d'accord de la part qu'il faut attribuer dans ce renouveau à l'usage non pareil que fit de la langue le secret et sarcastique magicien : P.-J. Toulet.
CHARLES DU BOS
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��TERRE DU CIEL, par C. F. Ramti:^ (Grès).
Encore un roman légendaire. La formule en est différente de celles de Romains (Morf de Quelqu'un), de Duhamel (Les Hommes abandonnés'), d'Alexandre Arnoux (Indice 5^), mais en aussi nette réaction contre Vhistoricisme naturaliste.
C'est même beaucoup plus une légende qu'un roman. On peut imaginer contée par Roumanille dans quel vieil Armanà Prouvençau cette légende des élus d'un même village qui, après le jugement dernier, se retrouvent rassemblés en un Paradis tout semblable à leur pays natal, dans des maisons (celles-là même qu'ils habitaient de leur virvant et où tout est comme autrefois « mais en plus joli, en plus neuf et comme repeint ») et qui bientôt lassés de leur bonheur s'aventurent dans une gorge, où séjournent les réprouvés, sont poursuivis et menacés dans leur sécurité par les damnés grimaçants, mais sont préser- vés par l'ordre de Dieu qui, après avoir désigné les bienheureux, ne les destitue plus. Désormais ils savoureront leur éternité sans regrets ni curiosités dans la « Terre du Ciel ».
On serait curieux de savoir si Ramuz a emprunté cette légende au folk-lore savoyard ou vaudois, ou s'il l'a créée de toutes pièces. Q.uoi qu'il en soit on pense bien qu'il l'a traitée avec une ampleur à laquelle n'eût pas atteint le bon Roumanille.
Souvent, dans ses œuvres précédentes, on sentait chez Ramuz
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