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486 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Voilà qui lui fait beaucoup d'ennemis. Pourquoi faut-il compter au nombre de ces derniers le poète de Jean de Noar- rieutxàxi Deuil des Primevères ? Donc, au tombeau de Jean de La Fontaine, M. Francis Jammes n'est pas venu muni seulement de ses pipeaux aux frôles dissonnances. Il s'est fait escorter, de gré ou de force (plutôt de force) par l'Amateur des jardins, le Maître d'Ecole, le Chêne, le Roseau, et par une trentaine d'animaux. Quelques-uns y vont d'un petit compliment aigre-doux, cepen- dant que le plus grand nombre exerce sur le fabuliste des repré- sailles souvent maladroites, parfois obscures et toujours inof- fensives. Leurs éloges manquent de conviction, leurs apostro- phes d^énergie, et leurs épigramraes de pointe.

Le Chameau par exemple s'exprime en ces termes :

Je ne puis q,ue penser ainsi que l'éléphant : La fable où tu me mets en rien ne me rehausse.

De lafautie de l'Orient

Tu n'as pus, comme j'ai, la basse !

Que voilà tm plaisant grief ! Mais écoutons ce sermon d'un Bouc édifiant :

Encore que j'y sois victime du reuard. Dans ta JabJe du moins ne suis-je qu'une bêle ! Ton bon sens m'a laissé mon esprit campagnard : Mieux Toui h fond d'un puits, pour un bouc, que la fête Oit l'immole Ronsard.

Quelque irrévérencieux insinuerait que ce bouc-là est tombé daa-s un puits d'eau bénite. Le Liûn e&t imprécis :

// te Jaut de moindres sujets

Co^niment aurais-tu su me peindre ? Passe ^nvor ïéléphanî, mais moi, lion, m'.atteùmdre ! Il n]est dans mon disert ni routes, ni trajets...

Et le Geai poétique :

Tu m'as fait me parer du plumage des paons.

Je n'en avais que faire : Sa coukur métallique est celle des serpents

Qui rampent sur la Terre.

Ah I que n'as-tn compris à quel point je préf'-re

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