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pas su la trouver tout seuls, même dans les moments où nous en aurions eu si grand besoin, où elle nous aurait apporté des raisons de confiance et de bonheur ?… Il est bien vrai qu’à Follebarbe, je ne dis pas que mon mari fût honteux de son métier, mais il s’abstenait d’en parler. On évitait de l’en faire souvenir. Et moi-même bien souvent… si quelque chose me déroutait dans son langage ou ses actions… je jugeais tout de suite… je ne me demandais pas…

Lâche devant les larmes, Vernois préférerait ne pas voir celles dont s’emplissent les yeux de la jeune femme ; cependant la fierté d’une mission bien remplie l’emporte, et il regarde sans trouble, presque avec dureté, cet hommage au compagnon disparu. Ils restent silencieux. Mais soudain Vernois se relève. À son tour, Clymène aperçoit le général de Pontaubault qui s’avance en longeant la frange des vagues. Ils n’ont pas à se concerter, aussi ombrageux l’un que l’autre à l’idée de voir un tiers surprendre leur entretien.

— Il ne vous a pas encore aperçu, dit-elle. Je ne veux même pas qu’il sache que nous avons parlé !

Et elle n’est rassurée que lorsqu’elle a vu Vernois s’éloigner derrière les tentes.


C’est pourtant M. de Pontaubault qui, le rencontrant un peu plus tard, lui dit tout d’abord :

— Ma nièce se tourmente à l’idée de vous avoir laissé partir ainsi, et j’ai mis le comble à son inquiétude en l’informant que vous preniez le train aujourd’hui même. Si pourtant vous restez encore, je suis chargé de vous faire savoir qu’elle ne quittera pas sa villa de toute l’après-midi !

Le regard de Vernois interroge vainement ce visage sans mobilité.

— Je ne doutais pas que vous sauriez l’intéresser, dit le général.

Pour essayer de trouver un point de prise, Vernois répond en appuyant :