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412 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Un tout pareil an crépuscule ; Et voici, pour qu'une voix parle Au cœur crispé qui se rappelle. Que le cri apeuré d'un merle Ricoche sur l'air immobile.

— Cljtiol Coitineau, vois ton jardin ! Vois-le déchu et délaissé :

Le chiendent mange les fraisiers La bêche rouillée gît dans l'herbe.

Vois, r oseille est montée à graine Ce carré inculte est plein de chardons Les rames des pois de l'année dernière Sont restées au sol comme un buisson tnort.

Et Ch'tiot Cottineau, tour à tour Va, tombe en arrêt, regarde et rêve. Mais qui vient vers lui ? La mère Hilaire : C'est pour lui montrer l'endroit des salades.

  • *

— « Vous ave:{ là du plan, la patronne, Du plan qui va se perdre.

Si vous vouliez demain m'éveiller Une heure avant les autres. Je vous retournerais ce carré Rien que pour le plaisir.

Rien que pour le plaisir

De dérouiller la bêche ;

Rien que pour le plaisir

De faire — de vous faire —

Une belle planche de laitues

Connue il y en avait tout l'été

Chei moi dans mon jardin qui n'est plus,

En pays dévasté. »

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