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402 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

ceux qui sont au premier plan sont tous, littérairement parlant, des Princes, des personnages sortis de la vie profonde de l'écrivain, faits avec son expérience et sa sensibilité et auxquels il prête son intelligence, son émo- tion et son lyrisme. Les conversations ne sont plus seule- ment typiques d'individus appartenant à telle ou telle classe sociale : certaines constituent de véritables essais philoso- phiques, théologiques, de critique littéraire, de satire poli- tique, d'histoire. Des théories scientifiques y sont exposées ou discutées. Or, ces morceaux que nous pourrions consi- dérer comme des digressions ou plutôt comme des pièces rapportées, des essais composés en dehors du livre et arti- ficiellement insérés dans chacune des « Nouvelles » sont si bien adaptés à l'action, au mouvement et à l'atmosphère des différentes parties où ils figurent, que nous sommes obligés de reconnaître qu'ils appartiennent au livre, au même titre que les personnages dans la bouche ou dans la pensée desquels ils ont été mis. Mais déjà même, nous ne pouvons plus considérer ces dix-huit parties comme des nouvelles isolées : Bloom, Srephen, et quelques autres personnages en restent, tantôt ensemble, tantôt séparément, les figures principales, et l'histoire, le drame et la comédie de leur journée se poursuit à travers elles. Il faut le recon- naître : bien que chacune de ces dix-huit parties ditfère de toutes les autres par la forme et le langage, elles forment cependant un tout organisé, un livre.

Et en même temps que nous arrivons à cette conclusion, toutes sortes de concordances, d'analogies et de correspon- dances entre ces différentes paities nous apparaissent, comme la nuit lorsqu'on regarde un peu de temps le ciel, le nombre des étoiles visibles paraît augmenter. Nous commençons à découvrir et à pressentir des symboles, un dessein, un plan, derrière ce qui nous paraissait d'abord une masse brillante mais confuse de notations, de paroles, de faits, de pensées profondes, de cocasseries, d'imnges splen- dides, d'absurdités, de situations comiques ou dramatiques.

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