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NOTES 371

réclamant d'abord le droit de se gouverner, et ensuite le droit à

��gouverner.

��Que leurs idées fassent du chemin, on n'en saurait doutera voir le succès d'ouvrages comme ceux de Heinrich Mann l'Homme de la république allemande. Après son frère, pétrifié dans le germanisme, en opposition à lui, il connaît à son tour les tirages à trente, quarante, cinquante mille. Une partie de la jeunesse allemande échappée aux déformations de l'enseigne- ment ofticiel se nourrit de ses oeuvres. Même accueil est fait aux écrivains qui comme Fritz von Unruh, Cari Sternheim, ont délibérément brisé les attaches avec un régime intellectuel soli- daire du régime politique, qui ont osé dire non, qui se sont opposés à la folie d'acceptation, d'adaptation.

Quelques éditeurs se sont laissés porter par ce flot « révolu- tionnaire ». Cela ne va pas sans choquer ceux qui passèrent longtemps pour « modernes » et qui déplorent avec Diedrichs « une psychose nouvelle succédant à la psychose de guerre ». En fait l'Allemagne bouge dans les profondeurs, et avec elle on voit avancer les plus avisés, un Kurt WoliF de Leipzig, qui édite Tagore, Heinrich Mann, Cari Sternheim, Franz Werfel, — un Paul Cassirer, de Berlin qui déclare chercher dans les œuvres qu'il publie — celles deSchickele, d'Edschmid, de Hasenclever, de Kurt Eisner, de Landauer — une pensée jeune, accordée à de nouveaux besoins moraux et sociaux, libératrice. Il faut également citer ici les tracts de la maison Rowohlt, les collec- tions d'Erich Reiss, de Kiepenheuer et le Rhein-Verlag de Bâle, qui publie surtout des traductions, entre autres une ver- sion française des œuvres de Rathenau.

Le mouvement que l'on devine en passant en revue les édi- teurs allemands n'est point de surface. Il s'accuse puissant dans les œuvres de quelques écrivains que nous aurions intérêt à connaître. Mais il faudrait avant de passer à leur étude conti- nuer d'examiner dans son ensemble la nouvelle Allemagne, chercher ses frémissements à travers les revues et dans les mani- festes qu'elle lance à profusion.

Félix Bertaux

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