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^38 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

de la clause qui, faute d'acceptation du mariage, leur fait reve- nir tout l'héritage. Et naturellement ces héritiers directs emploient tous les moyens, même les plus canailles, pour provoquer ce refus. C'est l'histoire que, sous ce titre de My love, mon amour, M. Tristan Bernard fait jouer au Théâtre Marigny.

« La plus vieille affabulation peut être prétexte à peindre des mœurs et des caractères, ce qui est la raison d'être d'une comédie. M. Tristan Bernard y a réussi en ce qui concerne cer- tains de ses personnages. L'un d'eux, Lerobert, est bien le bon- homme dont la profession est de ne pas avoir de profession, qui mène tout de même sa vie sans trop de malpropretés et qui, s'il lui arrive de boire un peu trop, se ressaisit toujours à temps. Un autre, Bonaventure, vieux soldat qui est comme son pom- pon et vieillit, approche également, quoique un peu exagéré , du vrai et vit. Il semble, d'autre part, que les héritiers, si noceurs qu'ils soient et si privés d'idées et d'esprit, ne doivent pas être à ce point idiots comme il nous les montre.

« M. Tristan Bernard, et c'est son mérite, fait des « mots «  sans jeu. Je veux dire que l'esprit est dans la situation et qu'isolé de cette situation le même mot n'aurait plus aucun esprit.

« Dans un compte-rendu de My love, un critique dramatique, avec beaucoup de restrictions, a voulu nous montrer M. Tristan Bernard, — dernier écho du tricentenaire ! — comme le Molière de nos jours. Si on veut, mais avec l'atténuation que les trames donnent aux tableaux vivants. »

MAURICE BOISSARD

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