332 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
gence et d’affection, et le doyen de la maison, qui est là sur ma table, assis sur son derrière à côté de la bougie qui m’éclaire, semble considérer avec pitié la course de ma plume sur le papier.
Ajoutez, pour empoisonner ma vie, les histoires d’animaux mis à la rue, maltraités, ou égarés sans aucune précaution pour faciliter leur recherche ou leur rapatriement. J’ai dans ma rue, à deux pas de chez moi, une espèce de pensionnat d’enfants tenu par des sœurs. Il y a quelque temps, la porte ouverte, j’avais vu là un brave bonhomme de chien mouton couleur chocolat, les meilleurs yeux du monde, plein de sympathie pour tout le monde. Depuis quelques semaines je ne le voyais plus, ni n’entendais rien qui indiquât sa présence. Où les soeurs pouvaient-elles bien le tenir ? Ce matin, une de ces créatures étant à la fenêtre, quand je passais pour aller prendre le train, je lui demande : « Vous n’avez donc plus votre chien ? — Mais non, me répond-elle, il s’est sauvé. — Et vous ne vous en êtes pas occupée ? — Si ! Nous l’avons cherché... » Entendez que l’une ou l’autre est venue deux ou trois fois sur le pas de la porte regarder dans la rue si elle voyait le chien. Rien de plus. Ce chien n’était dans cette maison que depuis quelques jours. Il fallait le surveiller, s’occuper de lui, l’habituer à sa nouvelle maison, ne pas laisser la porte ouverte à tout hasard, éviter qu’il sorte flâner dans ce pays qu’il ne connaissait pas. Rien de plus simple, mais rien non plus à quoi pensent moins les gens en pareille circonstance. Et pas le moindre collier, j’entends un collier avec nom et adresse. Le malheureux a dû être ramassé, et voilà encore un martyr pour les sinistres charlatans des laboratoires. Je passe deux fois par jour devant ce pensionnat. Deux fois par jour, l’image de ce chien, la pensée de son sort, me reviendront. Le diable emporte ces sœurs dites de charité.
Mais voyons un peu ces chefs-d’œuvre sur lesquels il faut que j’attire l’attention. C’est par la pièce de M. André Pascal qu’il faut que je commence, je crois bien. Oui, c’est bien la plus ancienne dans le petit lot dont j’ai fait une liste. C’est une pièce en quatre actes, ayant pour titre : Lorsqu’on aime... Vous allez compléter et dire : Lorsqu’on aime on fait des folies ? L’idée de M. André Pascal, dans cette pièce, est plutôt : lors-