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238 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

cisse changé en femme, elle effeuille ses souvenirs au gré de l'eau perverse du miroir qui la reflète. Les images charmantes où elle s'est tendrement fixée dansent et jouent sous un ciel trop joli pour être vrai, Eves dédaignant l'Homme-Serpent dans un paradis artificiel.

Comme ses sœurs de tendresse prises au chevalet, Marie Laurencin sait de tristes chansons des rues et des romances sentimentales qui font pleurer, je me souviens d'une qu'elle chanta délicieusement, un soir d'été :

Dedans Paris, v a une maison Remplie de Princes, de Princesses, Remplie de Ducs et de Barons Qui pleurent le Maréchal Biron.

Je ne saurais pas dire tout ce qu'elle mit de tristesse dans ces vers anciens, il faut l'entendre et la voir et ceux qui l'ont vue ne peuvent oublier qu'elle est la grâce et la douceur de Paris.

Aux célèbres symboles féminins, la ceinture de Vénus ou le nez de Cléopâtre, ne faut-il pas ajouter les pinceaux de Marie qui créèrent un monde adorable et faux ? Comment peindre la dame à l'éventail ? Roger Allard l'a su et l'exquise aquarelle qu'il nous donne semble faite avec les couleurs de l'arc-en-ciel ou le sang rose d'une colombe égorgée pour plaire à la Reine de Cythère. Georges gaborv

LETTRES ÉTRANGÈRES

LA QUESTION DES RAPPORTS INTELLECTUELS AVEC L'ALLEMAGNE.

Les considérations sur l'opportunité d'une reprise des rela- tions intellectuelles entre la France et l'Allemagne, que les lec- teurs de la N. R. F. auront pu lire dans notre numéro de novembre rencontrèrent un assentiment qui me montra que je n'avais pas inutilement parlé ^ A l'appui de ce que j'avançais, je citais les opinions du Français Thibaudet et de l'Allemand Curtius, mais ne parlais qu'en mon nom propre, et ne préten-

I . Voir page 125.

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