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224 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

aux paroles des airs connus, toujours selon la formule des revues. Aussi bien M. Fagus n'hésite-t-il jamais à introduire dans son poème des fragments de chansons populaires ; le réper- toire des rondes enfantines et des vieux airs à boire et à danser n'a pas de secrets pour lui. Il en tire des effets singuliers, quel- quefois touchants et lorsque, se tenant à égale distance de Laforgue et de Villon, il adoucit son ironie d'un accent de charité évangélique, son discours ne manque ni d'ampleur, ni de mouvement.

Ainsi dans l'épisode des fiançailles et des unions volontaire- ment stériles, le cortège des saints Innocents menés à l'Enfant Jésus par Saint Nicolas offre une saveur naïve et fran- chement populaire qui fait songer aux anciens Noëls.

Au demeurant ce long poème se lit sans ennui. En dépit de la couleur macabre et satanique que le poète a voulu répandre sur ses tableaux de luxures extraordinaires, il ne saurait effrayer les sceptiques ; tout au plus peut-être son insistance pourrait-elle troubler les âmes pieuses...

Pour ma part j'ai regardé avec plaisir ces images d'Epinal violemment coloriées, surtout lorsque M. Fagus, empruntant le style monotone et tragique des complaintes triviales, suivait au plus près son génie familier. • roger allard

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��Deux Poètes chrétiens : POLYMNIE, ODES ET STANCES, par Jacques Reynaud, lyonnais (Au Pigeon- nier). — VERS LA MAISON DU PÈRE, par RenéSahmé, poèmes (Revue des Jeunes).

Sous l'invocation de Polymnie, M. Jacques Reynaud a réuni neuf poèmes de forme traditionnelle, odes et stances, dont l'inspiration mâle, l'accent plein de fermeté et les sûres cadences font souvent penser aux humanistes catholiques du xvip siècle non moins qu'à Malherbe sur qui notre poète semble avoir voulu se régler. Son art gagnerait beaucoup à répudier des épithètes et des tours trop prévus, des images dénuées de surprise. Non moins solide, il serait plus vivant.

Voici quelques strophes, tirées d'une des meilleures pièces du recueil, le Délire d'Orphée :

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