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222 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

ses dégoûts dans la gazette qu'il dirigeait à Bruxelles ; il le fit avec intelligence, avec ferveur; il illustrait en quelque sorte ses articles, conférences et polémiques par des concerts, des expo- sitions qui eurent du retentissement, qui étonnèrent, qui scan- dalisèrent et dont il sut défendre les tendances de « libre esthé- tique ».

Le livre qu'il laisse presque achevé ne l'évoquera que pour ceux qui le fréquentèrent de près : ils y trouveront comme le parfum de cet esprit attachant et de ce noble cœur.

GILBERT DE VOISINS

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HAUT-VIVARAIS D'HIVER, par Jean-Marc Bernard, dauphinois (Au Pigeonnier).

Tout ce que le zèle de ses amis nous a révélé de l'œuvre inachevée de Jean-Marc Bernard avive les regrets d'une perte si déplorable.

Ces quelques pages ont été inspirées au poète dauphinois par une lecture d'un auteur oublié, son compatriote, Christophe de Gamon, qui vécut au xvi^ siècle. Le prétexte est mince, mais prête à des descriptions conduites avec la sobriété à laquelle J.-M. Bernard s'efforçait :

... Ce paysage sévère, sous le ciel de décembre, m'emplit d'une satisfaction qui n'est pas de la joie, mais comme le désir de se bien posséder. Dans ces lieux, l'austérité de la nature oblige à la maîtrise de soi, à la sage économie de la pensée et du sentiment ; elle enseigne à tout savoir tirer de son cœur.

On trouverait sans peine encore deux ou trois phrases comme celle-là que persoruie ne s'étonnerait de rencontrer dans la Vie de Rancé.

Cette plaquette est ornée de dessins de Bernard Naudin et de bois d'un métier assez faible. Un livre de vers, édité dans ^ la même collection, offre un frontispice et des ornements dans un goût modern-style assez fâcheux, en parfait désaccord en tout cas avec l'art du poète, et qui peut compromettre le succès d'une tentative intéressante.

ROGER ALLARD

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