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214 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

moquer plus gaiement d'Aristote et de sa cabale. Pancrace s'emporte comme un philosophe ignorant. Il se répand en injures et en sottises. Il appelle à son aide le ciel et l'enfer. C'est pourtant un philosophe qui sait lire et écrire, comme dit Sganarelle, croyant lui faire là le plus beau compliment.

« Le Docteur Marphurius n'est pas moins divertissant. Mais lui n'est qu'une invention de Molière. Vous savez comme Sga- narelle, qui veut décidément savoir à quoi s'en tenir sur son mariage, se met en tête d'aller consulter une sorte de grand magicien. C'est alors qu'il rencontre Dorimène avec Lycaste, son amant. Un amant auquel elle ne tient guère plus qu'à Sganarelle. « Je n'ai point de bien, dit-elle à Lycaste, et vous n'en avez point aussi. Or, vous savez qu'avec cela on passe mal le temps au m.onde. J'ai embrassé cette occasion de me mettre à mon aise et j<i l'ai fait sur l'espérance de me voir bientôt déli- vrée du barbon que je prends. C'est un homme qui mourra avant qu'il soit peu et qui n'a tout au plus que six mois dans le ventre ». Et comme Sganarelle se montre à eux : « Ah ! nous parlions de vous et nous en disions tout le bien qu'on en saurait dire. »

« Enfin, Sganarelle preud la résolution de se débarrasser de cette atîaire. Il va trouver son futur beau-père. Celui-ci le salue et l'accueille comme son gendre. Plus Sganarelle s'inquiète de cet accueil, plus il s'enferre. Quand il ose enfin avouer ses répugnances au mariage projeté, le seigneur Alcantor n'a l'air de rien. Mais il a juré de se débarrasser de sa fille, Sganarelle ne peut lui échapper, et il va avertir l'homme d'affaires de la mai- son, le bretteur Alcidas, qui saura bien le mettre à la raison. Il n'y a rien de heurté dans le dialogue de Molière dans cette scène entre Sganarelle et le père de Dorimène. Il tire toujours le plus beau parti des éléments comiques. Molière a trouvé Le Mariage forcé à la même source que le Bourgeois geniiWomme, George Dandin, l'Ecole des maris, l'Ecole des femmes, les Femmes savantes, le Malade Imaginaire, en un mot toutes ces admirables leçons qu'il a données à la bourgeoisie de son temps, qu'il a défendue jusqu'au bout contre les courtisans et les hypocrites, les méde- cins et les coquettes, les charlatans de toute espèce, si puissants qu'ils pussent être... »

Mon vieil ami l'amateur de théâtre parla encore pendant un

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