« Tout seul, Roland, c’est la coutume ? — Vous voyez, Marie, l’habitude. »
Un homme, venu le vent sait d’où, s’établit dans une petite maison au bord de l’Oise un été. Il prend vite la manie d’aller chez le passeur plaisanter avec les deux filles qui servent aux clients de la bière et de la limonade. Elles n’auront jamais que ce petit nom, Paul, abandonné de guerre lasse. L’une imagine qu’il se cache de la police, l’autre qu’il se dérobe à un amour.
Marceline roule dans la chaleur un corps lourd du secret qui depuis un an bientôt se détacha d’elLe. Elle s’arrête et croise les mains. Marceline, Marceline, quelles chansons : il y a de la fierté dans le secret, mais l’ennui c’est de ne pouvoir rien dire. On s’enivre, paraît-il, pour se délier la langue. Marceline pense à prendre un amant dont le corps serait beau comme l’alcool, une espèce de bête de confiance.
Roland a rencontré l’étranger qui est un peu plus pâle que les autres hommes. C’était dans le chemin creux où il y avait juste la place de passer, et à terre ces excellents petits fruits rouges, qu’on écrase du pied en pensant aux femmes. Roland voyait bien venir l’inconnu. Il ne s’est pas garé. Il l’a bousculé. L’autre n’a rien dit, a pris le poignet gauche de Roland, l’a serré et a ri, sans que Roland qui aurait crié de douleur songe à parler. Puis il est parti. Il était habillé de gris clair, avec un chapeau de paille et des souliers découverts ; et une chaîne de montre.
Marceline pense à ce parisien du bord de l’eau. Elle s’est promenée dans les champs. Elle a mis du rouge. Thomas,