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122 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

cubisme. J'ai prononcé quelques mots sur la jeune poésie et j'aurais pu écrire ces lignes dans la chambre d'un vieil hôtel, tout près de la Cathédrale.

Le mot « déconcertant » se lit plusieurs fois dans le compte- rendu des journaux locaux; toutefois, M. Destin, rédacteur en chef de la Dépêche de Rouen, a des opinions sur la peinture. Il estime que celle d'Irène Lagut est candide. Un autre journaliste, M. Dubosc, déclare que Modigliani « eut son heure de célébrité » •et nomme « Le jeune homme au camélia » un laurier-rose de Monte-Carlo peint par Léopold Survage. A tout péché miséri- corde. Je me rappelle avoir jadis confondu un compotier de Juan Gris avec le portrait de sa femme. J'en fais humblement

l'aveu.

  • *

M. Clément Vautel chargé de représenter au Journal cet « esprit français » cher aux commis-voyageurs de table d'hôte, M. Clément Vautel y faisait l'autre jour de la haute esthétique :

« Les chefs-d'œuvre, c'est une question d'atmosphère, de milieu, d'époque », disait-il, sans savoir sans doute qu'il se recontrait avec Francis Picabia :

ce Les chefs-d'œuvre sont un anachronisme. »

M. Clément Vautel, qui doit être flatté d'une telle similitude d'opinions, déclare la guerre au Père Ubu. Selon lui, l'œuvre de Jarry « n'ajoute vraiment pas grand'chose à la littérature ». Ainsi, c'est la révolte des palotins, Monsieur Prud'homme contre Monsieur Ubu. Encore qu'une telle attitude ne soit que ridicule, quelques jeunes gens de ma génération peuvent avoir la faiblesse d'en être iiYités s'ils se souviennent du rôle joué par Alfred Jarry dans leur évolution littéraire. Mais faut-il s'étonner que M. Clément Vautel ne respecte pas les statues ? Il sait qu'il aura bientôt la sienne.

Deux statues du Salon d'Automne sont le prétexte d'une anecdote amusante.

Il paraît qu'aux Champs-Elysées, la veille du Vernissage, un peintre, cubiste et théoricien du cubisme, parlait, selon son habitude, de l'attrait qu'a cette forme d'art « pour le peuple ». Son interlocuteur n'étant point convaincu, le peintre appela un ouvrier qui passait dans le hall de la sculpture et le pria de

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