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Jean Chardon : L’OFFRANDE A L’AMOUR, roman illustré par Charles Guérin, i vol. ’.

Une jeune femme, que les hasards de l’existence ont unie à un peintre de talent, grand collectionneur d’objets anciens et d’aventures nouvelles, se trouve amenée à pourvoir elle-même aux nécessités de l’existence, et au train de maison que sa situation comporte. En effet, de simple trottin qu’elle était, la voici directrice d’une grande maison de couture renommée pour l’originalité et la grâce de ses créations. Elle a su l’une des pre- mières (et c’est cela même qui fit son succès) présenter ses modèles dans un cadre de parfaite élégance et de goût très sûr, où les clientes, femmes du monde ou actrices, aiment à se ren- contrer. Elle a désiré un jour, pour enrichir la collection de gravures anciennes qui fait l’ornement de ses salons, acquérir dans une vente une estampe galante « L’Offrande à l’Amour ». Mais son mari dissipe au cercle l’argent destiné à cet achat et la jeune femme pour qui ce trait n’est pas le moins sensible de tous ceux qui l’ont déjà touchée, se laisse prendre à l’agrément d’une liaison sentimentale que vient interrompre une séparation brusque causée par les hasards de l’existence. Elle en garde toutefois un souvenir : c’est précisément cette gravure que le délicat soupirant a tenu à lui offrir. Q,uelques années se pas- sent. Le voici revenu et reçu dans la famille comme un ami, Duis comme le fiancé officiel de la jeune fille de la maison. Il ’épouse et la mère, le cœur plein d’amertume, ofire en guise de cadeau de noces aux nouveaux époux la gravure de « L’Of- frande à l’Amour » dont la place n’est plus à son foyer que l’amour a déserté.

Des tableaux de la vie parisienne, vernissages, expositions, fournissent à l’auteur l’occasion de déployer des dons d’observateur et un sens très fin de quelques ridicules contemporains. Notamment, la silhouette d’un président d’un grand salon, grand révolutionnaire et homme d’avant-garde en paroles, mais toujours prêt à se répandre en congratulations et en courbettes devant toutes les autorités dispensatrices de rubans et de médailles est particulièrement bien venue et fort divertissante.

Au demeurant une oeuvre charmante, écrite avec beaucoup d’aisance et de rapidité et que les croquis vivants et ingénieux de M. Charles Guérin ornent de la manière la plus heureuse.

Signalons en terminant le bon marché exceptionnel de cet ouvrage illustré qui lui vaudra la faveur du grand public.

JEAN DES BONNESFEUILLES

I. Editions Bossard, 43, rue Madame, Paris.