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NOTES y 5^

grande à répondre aux désirs de « Classicisme » que manifeste, sans grande conviction d'ailleurs, un public trop précipitam- ment converti aux idées nouvelles. Des apparences de maîtrise, succédant sans transition aux balbutiements des années précé- dentes. De faux chefs-d'œuvre, aussi rapidement exécutés que les pochades de jadis ; une fausse maturité, aboutissant à l'ennui le plus solennel. Pour qui se rappelle l'atmosphère des exposi- tions «fauves j> d'avant-guerre, il est indiscutable qu'une certaine traîcheur manque aux Salons actuels, et que la jeunesse s'est assagie d'une façon trop rapide pour n'être pas un peu forcée.

Q.uelles sont les raisons d'une révolution aussi totale ? M. \'aux- celles, pour ne citer que le plus acharné, sinon le plus influent des apôtres de la sensibilité animale, m'accuse d'être le pertur- bateur moral de la jeunesse. Selon lui ce nouvel académisme dont les productions glacent le regard est tout simplement la conséquence de la campagne que j'ai menée dans cette revue, en faveur de la sensibilité intellectuelle.

Encore que j'écrive pour mon seul plaisir, et non par goût pédagogique (Dieu me garde de me prendre au sérieux autant que se prennent mes adversaires de plume) je ne peux résister au désir de montrer que le danger que courent certains peintres — dont beaucoup sont moins jeunes qu'on ne l'imagine — provient, non d'un goût ingresque ou davidien pour la forme et la composition, mais bien de cette impatience, de ce manque ■d'amour et de cette pauvreté intellectuelle qui sont entretenus par les articles bien intentionnés peut-être mais si maladroits d'une presse bourgeoise.

Il est de toute évidence qu'après le débordement de la sensua- lité pure qui nous valut tant de faux coloristes et de déments de la déformation expressionniste, un cycle pictural nouveau s'ébauche, où l'intelligence sensible doit jouer un rôle prépon- dérant. Ce règne de la raison, débrouillant le rythme plastique découvert par l'instinct au contact de la réalité, au lieu d'être encou- ragé, est constamment battu en brèche par des littérateurs trop jaloux de leurs prérogatives et qui, par leurs mercuriales pério- diques, essaient d'éterniser la légende commode du « bon peintre illettré d'autrefois ' ». Cette légende prit naissance dans la forêt

I. Voir les articles de MM. Vanderp}-! et Guillaume Janneau.

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