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— N’y a-t-il aucun corps de troupes de ce côté-ci de la crique ?

— Seulement un piquet posté à un demi-mille plus loin, sur le chemin de fer, et une seule sentinelle au bout du pont, de notre côté.

— Supposez qu’un homme — un civil, candidat à la potence, réussisse à éviter le petit poste et — qui sait — à se débarrasser de la sentinelle, dit Farquhar en souriant. Que pourrait-il accomplir ?

Le soldat réfléchissait.

— J’étais là il y a un mois, répondit-il. J’ai remarqué que les inondations de l’hiver dernier avaient déposé une grande quantité de bois flottant contre la pile de ce côté du pont, qui est également en bois. Il est sec à présent et brûlerait comme de l’étoupe.

La dame avait apporté de l’eau. Le soldat but. Il remercia cérémonieusement, s’inclina devant le mari et s’éloigna. Une heure après, la nuit tombée, il repassa devant la plantation, galopant vers le nord, dans la direction même d’où il était venu. C’était un espion fédéral.



III


Précipité à travers l’armature du pont, Peyton Farquhar perdit connaissance et fut comme s’il était déjà mort. Il sortit de cet état — après des siècles, lui sembla-t-il — par le fait de la souffrance que lui infligeait une pression violente sur la gorge, immédiatement suivie par une sensation d’étouffement. De vives, de poignantes douleurs semblaient fulgurer de son cou, de haut en bas, le long de toutes les fibres de son corps. Ces douleurs paraissaient jaillir comme de la lumière le long de ramifications bien définies et battre comme un pouls, périodiquement, avec une rapidité inouïe. On aurait dit des courants de flammes palpitantes. Il n’était conscient de rien, si ce n’est