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venir de ceux qui lui étaient chers, c’était un son dont il ne pouvait se délivrer, ni comprendre l’origine, une percussion aiguë, nette, métallique comme les coups de marteau sur l’enclume : ce bruit en avait exactement les vibrations. Qu’était cela ? Était-ce incommensurablement éloigné ou tout proche ? On aurait dit l’un et l’autre. Les résonnances en étaient régulières, mais aussi lentes qu’un glas d’agonie. Il attendait chaque nouveau son avec impatience et — il ne savait pourquoi — avec appréhension. Les intervalles de silence devinrent progressivement plus longs jusqu’à l’affoler. Mais, tout en s’espaçant, les sons augmentaient en force et en acuité. Ils blessaient son oreille comme des coups de couteau. L’homme eut peur de ne pouvoir s’empêcher de crier. Ce qu’il entendait, c’était le tic-tac de sa montre.

Il ouvrit les yeux et revit l’eau au-dessous de lui. « Si seulement je pouvais libérer mes mains, pensa-t-il, je me débarrasserais du nœud coulant et je sauterais dans l’eau. En plongeant, j’esquiverais peut-être les balles et, en nageant vigoureusement, j’atteindrais la rive pour me jeter dans les bois et m’enfuir jusque chez moi. Ma maison, grâce à Dieu, est toujours en dehors de leurs lignes ; ma femme et mes enfants ne se trouvent pas encore au pouvoir des envahisseurs. »

Comme ces pensées qui doivent ici être traduites par des mots passaient en éclairs dans le cerveau du condamné plutôt qu’elles ne s’y formaient, le capitaine fit un signe de tête au sergent. Le sergent s’écarta d’un pas.



II


Peyton Farquhar était un planteur fortuné, d’une famille de l’Alabama, ancienne et hautement respectée. Propriétaire d’esclaves et, comme tel, politicien, il s’était naturellement trouvé sécessionniste du premier jour et