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626 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

lerait plutôt la muse élégiaque de Qiénedollé et de Millevoye :

Ma vie est la feuille qui tombe D'un arbre pensif et glacé Sur h chemin où fai laissé Le chien, la rose et la colombe...

Les vers de M. Geors^es Gaborv ont tous les défauts du genre, dont le moindre n'est pas la monotonie : mais il offrent les mérites qu'il est impossible d'acquérir et fort malaisé d'imiter : un sentiment exquis de la langue poétique et surtout un duvet de grâce, dont maints fruits précoces de la jeune poésie s'avè- rent si fâcheusement épilés.

Pour ma part je ne vois pas quel nom, parmi les poètes qui se sont révélés récemment, est aussi digne que celui de M. Geor- ges Gaborv de porter les espoirs, si souvent déçus, de ceux qui aiment la poésie plus que la littérature.

ROGER ALLARD

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��RAYONS CROISÉS, par Jean-Louis Vaudoyer (Paris^ Société littéraire de France).

M. Jean-Louis \audoyer a composé l'argument du Spectre de la Rose, et ce poème-là suffirait à garder de l'oubli un nom associé à de charmantes images, inoubliables. Le poète de Rayons Croisés a dédié à Thamar Karsavina quatorze commen- taires lyriques des plus fameux Ballets russes, ceux d'avant la ofuerre. Ces tableaux ont d'agréables reflets de ces lumières de théâtre qui font un grand jour si triste et des clairs de lune plus fleuris que nature. L'imagination décorative de M. Jean-Louis Vaudoyer est agencée comme une de ces belles comédies à machines d'autrefois oii ce n'étaient que jets d'eau, nymphes, conques, guirlandes de roses, amours joufflus, masques et grotesques, et déesses fardées.

Il sait imiter sur la flûte le chant pur, un peu grêle, d'André Chénier, ou pincer à propos un luth romantique :

Fille de la vapeur, ravissante sylphide.

Tu hantes les forets et les dormantes eaux.

Le saule est ton ami. Sous son branchage humide.

Tu rêves tout le jour sur un lit de roseaux.

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