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6o6 LA NOUVELLE RE\TJE FRANÇAISE

fessionnels comme on écrit éminent économiste ; mais non, pas même cela). Et la critique dramatiqtae qui le suit cojimie l'ombre le -corps maigrit comme hil. Quand les vieux braves qui la défendent encore ne seront plus là, il faudra pour les remplacer réquisitionner la troupe. (L'Académie fait œuvre prévoyairte;en se munissant de inilitaires). Le-rx>man dévore tout.

L'immense succès et le vaste rayonnement de Walter ScoR: ont, comme le dit M. Chevalley, « solidement assis la vertu du roman ». Au-dessus d'Alexandre Hardy, au-dessous de Cor- neille, cet écrivain -qu'on ne lit plus prend comme eux place dans la famille des héros œkistes d'un genre. Ce n'est pas un hasard si Walter Scott paraît en même temps qu' Arkwright et que Peel, et si la naissance du grand roman coïncide avec la nais- sance de la grande industrie. Le grand roman, je veux dire l'atelier de romans ou l'usine de romans. A partir de Walter Scott, les grands romanciers, et aussi les petits, deviennent des fabriques de romans, ou plutôt ce qui est fabrique chez les petits est nature chez les grands. Shakespeare, Corneille sont ■des natures pareilles à la nature, et qui s'en sont détachées en l'imitant, en continuant son mouvement créateur, comme les planètes se sont détachées du soleil. A partir de Walter Scott ce rôle de « natures » est tenu en Occident par des romanciers. Un Dickens, un Balzac, un Dostoïewsky, un Flaubert, un Kipling sont des natures non comme des hommes, mais comme une France, une Angleterre ou une Russie, c'est-à-dire comme des réalités incorporelles, génératrices d'hommes. Si Walter Scott ne prend pas place dans un tel monde, il a tracé le pre- mier, pour une action et pour une époque, leur figure exté- rieure, leur schème.

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Cette conversion irrésistible de tous les genres littéraires en roman, il n'y a sans doute ni à la déplorer ni à l'admirer. Le critique écrirait ici volontiers des pages comme celles de Toc- ■:queville sur l'avènement de la démocratie, et, une fois rappelé le troisième volume de la Démocratie en Ainérique, on se sent en effet envahi par bien des analogies. Roman et démocratie vont de pair. Le roman s'adresse à un public de plus en plus étendu. Il est vrai qu'il en fut de même, d'abord, du théâtre.

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