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604 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

les quatre âges équilibrent et fondent en une plénitude plus savante leurs quatre plénitudes harmonieuses. On pourrait appli- quer à cette durée la phrase célèbre de Strabon sur la disposition delà Gaule par une main artiste. La littérature anglaise, elle, est faite de trois massifs incomparables, brusquement surgis dans une puissante explosion vitale, et dont les deux premiers n'ont guère duré plus d'une génération : le théâtre du xvi« siè- cle, la poésie de la première moitié et le roman de la seconde moitié du xix^ siècle. De loin ils n'apparaissent guère plus unis qu'une Angleterre, une Ecosse et une Irlande. Il est vrai qu'un Anglais verra la continuité là où un étranger la reconnaît mal. L'idée doit sans doute être mise au point et rectifiée. En tout cas le roman anglais depuis Walter Scott {JFavcrley est de 1815) connaît, en quantité et en qualité, une continuité, un foisonne- ment, une vigueur créatrice qui forment une durée presque unique dans l'histoire littéraire. Pour continuer nos images géographiques, il est dans le temps l'équivalent de l'empire britannique dans l'espace. Des études politiques et économiques sur l'empire britannique sont nécessairement des études qui concernent, par la connexion et l'analogie des faits, le reste du globe. Pareillement une étude sur le roman anglais doit nous amener sans cesse à des comparaisons. Il concerne le fait litté- raire, l'avenir littéraire du globe entier. Je demanderai au livre de M. Chevalley l'occasion de soulever trois questions, qui ne sont pas seulement liées à l'esthétique générale du roman, mais qui intéressent particulièrement le roman français.

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��De même que, par un certain côté, toute la durée de la tragédie française, entre 1636 et 1830, tient déjà en raccourci, avec son relief général, ses pentes de grandeur et de décadence, dans l'œuvre de Corneille, de même on pourrait voir préfigurés en Walter Scott les directions du roman anglais, et, comme tout se tient, les problèmes généraux qui se posent au roman et que pose le roman.

Celui des sources du roman. Dans l'espèce humaine la litté- rature c'est d'abord et partout la poésie et le théâtre. Dans les

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