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594 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

la soupèse. Il touche Benoît au coude pour le rendre atten- tif, et comme Gêsaire U les yeUx baissés, il lui laisse tom- ber le couteau verticalement sur le pied.)

Césaire. — Fais donc attention !

Lazare. — Je t'ai blessé ?

CisAiRE. — J'ai retiré mon pied, heureusement ! (IJ ramasse le couteau.) Mâtin ! Il est lourd, ton eustache. Il à coupé comme du beurre le bord de ma semelle... Ah ! c'est le couteau de Benoît. Tu vois, mon bon, qu'il tâche de te défendre, mais rien n'y sert.

(Benoît, abattu, s'écarte. Lazare semble impressionné.)

Tu n'aimes pas les plaisanteries ?

Benoit. — Pas les tiennes !

Césaire. — Alors, parlons sérieusement ; car depuis ce matin, je ne pense qu'a une chose ...

Benoit. — Tais-toi !

CÉSAIRE. — Tu es d'un côté de ma Rose-Marie, tu la vois de profil...

Benoit. — Ne recommence pas 1

CÉSAIRE. — Tii sais que je suis de l'autre côté ! Tu ne me vois pas, mais tu le sais. Et tu devines que je l'em- brasse, comme j'en ai le droit, puisqu'elle m'appartient. Alors tu tournes autour d'elle, mais déjà je n'y suis plus. Je suis de l'autre côté, et tu sens que je l'embrasse encore...

Benoit. — Lazare, fais-le tiaire !

Césaire. — Et tu continues à me poursuivre sans jamais pouvoir me séparer d'elle. Tu tournes, tu tournes...

Benoit. — Mais fais-le taire !

Lazare (ix Césaire^. — Laisse-le tranquille.

CÉSAIRE. — Je lui donne de quoi penser pour les moments où il est seul.

Lazare. — 'Oh aimerait mieux vivre avec d'autres que toi.

CÉSAIRE. — Je ne t'ai pourtant rien fait.

Lazare. -^ Tu tourmentes tout le monde.

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