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sauras plus d’elle que ce que je voudrai t’en dire!.*. Elle est à moi!...

(Se calmant brusquement, ei avec une ironie presque chuchotante :)

Mon pauvre garçon, tu ne te rappelles que des ombres ! Tu ne sais plus les reconnaître... Tu n’as jamais dû voir ma Rose-Marie... tu n’as jamais dû la voir...

(Césaire s'est avancé de quelques pas encore. Benoit a reculé davantage. Silence. Rideau.)

ACTE II

Même décor, de jour.

SCÈNE I

Benoît est debout, sombre, les mains dans les poches. Lazare pèle des pommes de terre.

Lazare. — Ça ne sert à rien d’essayer. Tu n’y arriveras pas. S’il a démoli la barque, c’est de façon que tu ne puisses pas la réparer. Puisqu^il ne veut pas que tu t’en ailles, il est assez malin pour t’en empêcher. Plus que cinq jours de patience ! Cinq jours ce n’est pas une éternité. Dimanche on nous relaie et tu t’en vas si cek te fait plaisir.

Benoit. — Tu t’imagines que tu es hors de cause et tiai voudrais lui plaire en te liguant contre moi. Mais ton calcul ne te portera pas bonheur. Quand j’aurai subi le même sort qu’Yvon, ce sera ton tour !

Lazare. — Tu me fais rire. Au premier mot qu’il/ m’adressera, je lui dirai : « Pèle les pommes de terre. » Et il les pèlera. (Goguenard) J:e crois plutôt que c’est moi qui risquerais de lui faire du mal... Veux-tu que je te dise à