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•584 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Benoit. — Son affaire à lui est réglée ; qu'est-ce qu'il te faut de plus ?

Césaire. — Tu ne l'as pas aidé, toi ? Tu n'as pas eu la Rose-Marie à ton tour ?

BEiiOiT, perdant la tête. — Situ acceptes de partir... tout ■de suite... je t'apprendrai où tu peux la trouver...

Césaire. — Comme si je ne le savais pas !

Benoit. — Alors va-t-en !... Lazare 1 fais-le partir...

Lazare. — Eh bien quoi ?... Qu'est-ce que tu veux qu'il nous fasse ?... Nous n'avons pas les doigts palmés, nous autres ! Nous n'allons pas nous jeter du haut d'une vergue.

Benoit, se ressaisissant un peu. — Tu ne le connais pas...

Lazare. — Un homme qui donne cinq francs pour une flûte de trente sous! Voilà sa malice!... Mais je ne lui rendrai pas la différence... Quelqu'un qui ne sait pas ce que c'est que la musique... Je ne trouve même pas que ce soit un homme...

Benoit, /enhardissant . — Ah ! non, ce n'est pas un homme, et pour d'autres raisons que celles que tu crois ?

Césaire. — Qu'est-ce que tu veux dire, mauvais chien ?

Benoit. — Questionne un peu la Rose-Marie !... Il tourne autour des femmes comme un matou, mais quand il les a empaumées, il ne sait plus qu'en faire. Alors il les persuade que c'est leur faute, qu'elles ne méritent pas qu'il les touche. Césaire. — Assez !

Benoit. — Rose-Marie dit que c'est parce que ton père avait passé soixante ans quand il t'a fait, et que ta mère buvait. Ah ! ça te fâche qu'on te le dise ? Oui tu n'es qu'une espèce de mort-né, un malvenu qui ne peut con- naître aucun plaisir, et tu essayes de te venger sur les autres.

CÉSAIRE. — Je ne me venge pas de leur plaisir, je le leur

prends.

Lazare. — Du moment que j'ai tes cent sous, tu ne

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