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50 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

vous que ça me paraisse étrange ? De vous, tout est agréable à entendre.

Podkoliessine. — Mais vous n'avez jamais entendu chose pareille. (Agâfia Tikhonovna baisse de plus en plus les yeux. À ce moment entre furtivement Kotchkariov qui se place derrière Podkolièssine.) Voilà ce dont il s'agit. Il s'agit... Mais il vaudra sans doute mieux que je vous dise cela une autre fois...

Agafia Tikhonovna. — Qu'est-ce donc ?

Podkoliessine. — C'est... Je voudrais, je l'avoue, vous annoncer... mais je doute toujours que...

Kotchkariov, à part, se croisant les bras. — Mon Dieu, quel homme est-ce là ? Ce n'est pas un homme, mais une vieille pantoufle de femme, une caricature d'homme, une satire de l'humanité !

Agafia Tikhonovna. — Pourquoi doutez-vous ?

Podkoliessine. — J'ai comme une appréhension.

Kotchkariov, haut. — Comme tout cela est bête, bête ! Vous le voyez fort bien, mademoiselle, il demande votre main. Il veut dire qu'il ne peut pas vivre sans vous. Il demande si vous consentez à faire son bonheur.

Podkoliessine, presque effrayé, le pousse du coude et dit vite. — Que te prend-il ?

Kotchkariov. — Alors, mademoiselle, vous décidez-vous à rendre ce pauvre mortel heureux ?

Agafia Tikhonovna. — Je n'ose pas penser que je puisse faire le bonheur de qui que ce soit, pourtant j'accepte.

Kotchkariov. — Mais évidemment, c'est ce qu'il fallait depuis longtemps. Donnez-moi vos mains.

Podkoliessine. — A l'instant. (Il veut dire quelque chose à voix basse à son ami, mais Kotchkariov lui montre le poing et fronce les sourcils. Podkolièssine lui donne sa main.)

Kotchkariov, unissant leurs mains. — Que Dieu vous donne sa bénédiction ! Je consens à votre union et l'approuve. Le mariage est une chose... Ah, ce n'est pas