Page:NRF 17.djvu/530

Cette page n’a pas encore été corrigée

524 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Sude ; et comme on était passé près de la Petite-Cythère : tous les détails du paysage en amphithéâtre : les troupeaux, les oliviers, une fontaine. Et un Arlequin et une Colom- bine rose et verte, soudain aperçus et perdus de vue au fond d'une avenue aux arbres dépouillés : les premiers habitants que je rencontrais, un jour que je venais de débarquer dans une ville^ ayant oublié qu'on était en Carnaval. Et la mer, encore, à son réveil, qui est apaise- ment, à cette heure-ci, sensible jusque sur la plus loin- taine, la plus pauvre place de cette ville : le macadam luisant comme le pont d'un paquebot lavé à l'aurore et que sèche le même vent rapide et désordonné. Il faudra que je les mène aux environs de la ville, aux bords du Lez, à ce coin de verdures et d'eau tranquille. Ce qu'il y a de tableau champêtre bien composé, de Poussin surtout, dans ces paysages de petits fleuves au voisinage de la Méditer- ranée. Et que je leur montre de plus près ces jardins de la banlieue blanche. 0-. v.y.rjj'.. Tout à fait ça : derrière les murs blancs, que longe une rue profondément tapissée de poussière, il y a le joli xy.tios frais, plein de verdure, de fleurs et d'eaux vives. Et les bois sacrés sur les collines, la campagne civilisée, arrangée par les architectes pour servir de fonds aux rues, aux avenues et aux terrasses de la ville. Entre les panaches des pins maritimes, la villa toute raide et archaïque regarde la garrigue tachetée de touffes de buis et de romarin, et plus bas les oliviers et les cyprès, et plus loin Lattes, et les lagunes, et Maguelone, et le long, mince reflet de fer-blanc au bord du ciel. La cam- pagne autour de Mégare. Il faut que ces deux enfants de la grâce connaissent mieux cette gracieuse cité. Elles n'ont pas encore vu l'arc de triomphe au seuil de la grande ter- rasse qui est une solitude d'eaux prisonnières et de pierres dévorées par des siècles de lumière, et le petit temple der- rière lequel l'aqueduc commence sa marche ininterrom- pue, une jambe pour chaque pas, jusqu'aux collines qui bornent l'horizon. Ce matin même je les y mènerai, puis-

�� �