472 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
pelotons), n'estiment plus comme Olivier de Serres que le blé augmente ou diminue dans les greniers selon les phases de la lune. Mais tout cela est lent à disparaître. Il y a plus de choses sur la terre même, chez l'animal, le végétal, plus de vie, d'es- prits cachés, de vertus secrètes, que notre philosophie ne le pense. Et ceux-là, ces « gens purs et mundes » qu'Olivier de Serres voulait être seuls « employés au sacro-saint exercice d'Agriculture », le savent encore qui vivant en pleine nature gardent un sens subtil des correspondances.
Che:{ Nous nous emmène en d'anciens domaines qui sont nôtres et faits maintenant pour nous plaire. Car, après tant de littérature logique et psychologique, n'est-on tout porté à s'oc- cuper des faits sans explication, des points étranges, de la vie directe que l'analyse n'éclaire pas, bref du mystère, deviné par sympathie, mais non démêlé de tout un monde agreste et pro- fond ?
Sous l'ongle du cheval ailé des fontaines peuvent encore sourdre de la vieille terre. Il faut savoir beaucoup de gré à M. de Pesquidoux qui nous le fait aujourd'hui mieux com- prendre. . HENRI FOURRAT
LE THÉÂTRE
LE FEU QUI REPREND MAL, p^r Jean-Jacques Bernard (Illuslraiion du 6 août).
M. Jean-Jacques Bernard nous a donné deux pièces dont les sujets sont empruntés à la guerre, ou plus exactement deux pièces situées dans cette région de vie civile où les remous de la guerre se font encore sentir. La Maison épargnée montrait la population d'un village incendié poursuivant de sa jalousie le seul habitant de qui, par hasard, le feu n'a pas détruit la demeure — jalousie si perfide et meurtrière que le pauvre homme finit par fuir après avoir lui-même fait flamber sa maison ; ainsi^ rentrant dans la misère commune, il espère désarmer la calomnie. Juste et émue dans tout ce qui relève de l'obser- vation, cette pièce manquait de la puissance qu'il aurait fallu pour soulever les personnages jusqu'à un pareil dénouement. . Pour rendre vraisemblables les actions qui sortent du commun,, il faut une chaleur dramatique, un lyrisme qui emporte la con-
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