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NOTES 471

La présentation pourrait être plus directe. Si M. de Pesqui- doux traitait plus bonnement et de plain-pied ses thèmes, s'il évitait certains mots qui « font trop riche » et troublent l'atmos- phère, si ses paysages étaient un peu plus proches de l'esprit agreste, ces « introductions » si fortes en couleur et en nature seraient bien près d'être des chefs-d'œuvre.

Ce ne sont point les chapitres les plus cousins, — cousins éloignés, — des Propos, ceux des coutumes, des fêtes, qu'on préférera. Souvent il arrive à ceux qui parlent des paysans ce qui selon Pascal arrive aux hérétiques : ils ne parlent pas à faux, mais ne présentent qu'une des faces de la vérité, laissant dans l'ombre la face contraire. M. de Pesquidoux à coup sûr peint honnête et juste ; mais ses rustiques font songer à des borgnes amicalement peints de profil.

Aux pages qui traitent des cultures, des chasses, il sait marquer plus d'arrière-plans. Tant il a de goût à noter les particularités de la besogne bien faite, ou de l'obscure histoire des animaux, des plantes.

Eternelles géorgiques. Pourquoi ne pas dire avec Olivier de Serres et tant d'autres : « la culture des champs seroit la plus plaisante chose du monde et par manière de parler telle vie approcheroit de celle des Anges, si on pouvoit recouvrer des gens à cela propres et aiïectionnés comme il appartient ? »

Le Théâtre d'Agriculture lu paisiblement devant quelque grange au bord d'un pré-verger oià les pommes tombent sur le trèfle et îeplantain, enchante peu à peu l'imagination. Mais le vieux bouquin est énorme. Il y faut des soirées, des soirées, Chei Nous donne à moins de frais des plaisirs plus conscients et plus rapides. Son intérêt, ou mieux son poids, et son charme ne font qu'un : ils sont dans cette entente du monde agreste, ces précisions données, ces secrets livrés, ces correspondances notées, — ainsi celle-ci, des arômes : l'eau-de-vie ne prenant toute sa saveur que dans certains fûts de chêne noir, — où la poésie naît d'un mariage entre le naturel et le mystérieux.

Certes ces sapiences à la fois très anciennes et très fraîches se perdent. Les paysans gascons s'ils croient encore que les sorciers peuvent rendre les couettes aussi dures que chemin gelé, (Malherbe conte bien en une de ses lettres comment par l'effet d'un sort la plume de tous les oreillers de son quartier se mit en

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