Page:NRF 17.djvu/469

Cette page n’a pas encore été corrigée

NOTES 463

une jeune fille, l'enlever, l'arracher aux mains de qui' la marty- rise, cela est excellent, mais combien le costume, l'heure, le paysage et l'idiome que l'on est censé parler mettent de l'im- prévu, en plaçant le beau geste dans son cadre !

Ainsi, chaque génération d'enfants se compose un petit uni- vers où rêver à loisir ; elle le peuple d'êtres humains, d'arbres, de bêtes et de machines, spécialement de moyens de locomo- tion : on y trouve le dromadaire et la charrette, la chaise à por- teurs, la locomotive, les chiens esquimaux, l'automobile et l'avion... on y trouve encore autre chose. — S'il aime les aven- tures où l'activité se manifeste, l'enfanfse plaît aussi à rêver les bras ballants, de façon plus tranquille, et nous voilà sur les bor- nes du fantasque, de la fantaisie, du fantastique aussi, peut-être du burlesque. C'est la troupe des ravissantes fées qui s'évoque à l'instant, des gnomes balourds et des sylphes jouant à la balle avec une bulle irisée, des demi-dieux transposés du livre de classe dans la prairie, la source ou le bois d'oliviers tors, des fantômes, si l'on veut trembler un peu, des anges enfin, pourtant bien ofiiciels et qui ne prêtent guère à la libre invention. De nos jours, il semble même que le personnel se soit renouvelé : la machine apporte son rêve, il se forme comme une façon de mythologie mécanicienne où les enfants se sentent à l'aise.

M. Alexandre Arnoux connaît les enfants ; il a, par ailleurs, fréquenté les lieux enchantés où le féerique, l'inattendu, le sin- gulier et l'étrange font la loi. Quoi d'étonnant à ce que, dans « la Nuit de saint Barnabe », il nous ait raconté avec tant de verve et de manière si avertie les imaginations, aspirations et tentatives de Gnouf et de Lou, sa compagne ? De même que M. Arnoux a montré dans a Abisag » une église transportée pierre à pierre par la seule vertu de la foi, de même, aujourd'hui, s'occupe-t-il fort plaisamment à nous faire voir les effets d'une foi nouvelle. Des diverses qualités de cette histoire : forme adéquate au sujet, vérité dans le détail, fraîcheur comique du dialogue, il convient de retenir surtout celle qui rend le lecteur si crédule aux rêves présentés, si sympathique aux projets du jeune héros, et qui le pousse à se scandaliser douloureusement quand Lou, effrayée par l'ampleur et les dangers de la belle équipée, abandonne au dernier instant.

Quelle fut, exactement, l'aventure de Gnouf? — Ah ! je n'eu

�� �