Ce beau mot est plein de sens. Remarquez qu’il exprime
plutôt un mouvement qu’un état assuré et acquis. Les degrés des âges y sont compris, ce qui enferme de l’irrévocable ; mais j’y veux voir ici plutôt les âges subsistant, et ces
degrés de l’être qui suivent l’homme ; car les pensées du vieillard, s’il en a, commencent toujours par quelque mouvement de jeunesse ; mais souvent le temps d’un geste
elles mûrissent et sont déjà fanées et flétries. En l’homme
mûr, terminées et tempérées ; en l’adolescent, bouillantes,
et à peine contenues par la discipline extérieure ; en
l’enfant, indomptables et comme hors de lui aussitôt. Et, comme il faut conduire l'enfant à sa maturité, ainsi l’homme, à tout âge, doit conduire toute pensée à sa maturité ; et l'on dit qu’il manque d’éducation justement s’il manifeste des pensées d’enfant. L’éducation serait donc en acte toujours ; non point seulement possession et acquis, mais conquête à chaque moment. Même si l’on voulait réduire l’éducation
à la science des manières, il serait encore vrai de dire que l’homme bien élevé est le seul qui soit capable d’inventer.
Car l’enfant est emporté par le premier mouvement, et
l’adolescent ne peut se livrer au sentiment sans quelque
honte; mais l’homme véritable conduit ces inspirations à
maturité, de façon que la grâce de l’enfance s’y fasse voir,
encore, et la chaleur de l’adolescence, mais réglées par le
jugement, ce qui achève la vraie politesse. Et celui qui agit
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LES IDÉES ET LES AGES
DE L’ÉDUCATION