424 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
Chantant l'inconsolable et belle fia?icée
Que son amant, voilà longtemps, avait laissée
Pour se faire bandit, là-haut, dans la forêt.
Parfois un rire tendre, un murmure secret ,
Quelque branche furtive au passage froissée,
Trahissait une main plus vivement pressée,
Une ardeur plus instante, et ce désir muet
Qui brille, et qui contient quand même son souhait.
Puis les voix enchantaient encore le silence,
Et peuplaient au hasard de leur intermittence.
Comme aurait fait à peiiie un frisson de roseau.
L'opaque profondeur et le faible ruisseau
Sur qui dormait un gouffre incliné de feuillage.
fe n'en entendis pas ce soir-là davantage.
L'un d'entre vous, avec un sourire amical,
M' ayant pris, et conduit au festin nuptial
Qui se réjouissait de ce nouveau convive.
Mais f écoute depuis, comme un courant d'eau vive,
Tout ail fond de mon cœur sourdre ineffablement
Vos chansons, votre plainte et leur accord charmant.
Où la nuit, redoublant à vos voix incertaines
La musique des bois, des puits et des fontaines,
Suspendait un moment sa fuite sans retour.
Pour s'enivrer par vous de jeunesse et d'amour.
FRANÇOIS-PAUL ALIBERT
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