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41 8 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Dimanche dernier, chez une dame où je prends le thé, un cartomancien m'annonce qu'une femme doit m'aimer et, j'ose à peine l'écrire, m'offrirde l'argent. Il ajoute même que je serai touché par ce sentiment et que je consentirai à ses manifestations.

Sous le Signe de la Balance, Un jour d'octobre, je suis ne... Vénus hélas ! m'a condamné A subir sa folle influence.

Sévères lecteurs, n'accablez pas l'enfant perdu sur le che- min de Cythère. ^^os exemples excuseront-ils ma faiblesse, ô mauvais garçons, mes grands frères morts ! Le choix d'une profession est difficile à un poète ; celle de sous-chet d'un bureau de ministère occupait François Coppée, Fran- çois Villon honora celle de fanandel ; entre ces deux poètes, celui-ci n'est-il pas préférable à celui-là ?

Cette question résolue, est-ce Annie la dame de trèfle et de cœur ? Cette prédiction m'inquiète. Je voudrais écrire un livre : De l'influence des prophéties que je crois cortsidé- rable, sur moi, particulièrement. Les trois sorcières me sont apparues : Macbeth, Macbeth, tu seras roi ! On sait que les poètes portent des couronnes.

Annie reviendra-t-elle ? Le vent du souvenir souffle sur mes châteaux de cartes. Je me rappelle Laurence que j'ai aimée par erreur d'astrologie judiciaire. Où est-elle aujour- d'hui, l'amie céleste ? Nous étions cependant deux moitiés d'Androgyne qui ne demandaient qu'à se retrouver. J'au- rais bien voulu mourir un peu pour elle :

Ai} ! qu'un coup de ton aiguille à broder me serait doux !

Laurence ! Elle m'apparaît dans la boutique des marchands de chansons du faubourg, assise au piano, effeuillant des romances mélancoliques et le soir dans une petite chambre fleurie, composant de la musique tandis que Minna, la poétesse morte, écrivait des vers d'amour ou bien sur le

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