Page:NRF 17.djvu/420

Cette page n’a pas encore été corrigée

414 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

elle se tordit les bras et se mit à pousser des cris. Inquiet, je crus qu'elle était atteinte de la danse de Saint-Guy. Quels démons hantaient le corps de la jeune fille ? Une main enchantée rompit mes bretelles et déchira ma cravate. Les lèvres de la jeune fille touchaient les miennes. Simone riait dans les bras de mon ami ; elle me conseilla d'em- brasser la jeune malade pour la guérir. Cet essai passionné ne fut pas heureux. Léo sensible à ces caresses m'en rendit de plus tendres. Son égarement devint contagieux, l'om- bre était douce et perdant la tête, je trouvai facilement le chemin de son cœur. L'Amour jouait aux quatre coins de la chambre. Simone et mon ami, Léo et moi^, quels beaux couples et quels jolis sujets de pendule !... Léo revint à elle ou à moi. Où suis- je ? à Cythère, ma chérie. La lampe allumée, les derniers soupirs s'éteignent. Un peu de rouge simule la pudeur. Les jeunes filles riaient au miroir, colombes se baignant dans les vasques, perdant leurs plu- mes. Des familles les attendaient, c'était l'heure du départ et tous quatre, bras dessus bras dessous, nous partimes en chantant, gentils enfants perdus sur le chemin des écoliers. En route, mon ami pressa le bras de Léo : Elle avait quel- qu'un (pas moi, bien entendu) et ceci et cela et elle allait tous les samedis à Schéhérazade. Simone me donna ren- dez-vous pour le lendemain matin, sur un banc du parc municipal.

Le soir, à Tabarin, en regardant la danseuse Anita, si jolie dans la lumière rose du projecteur, je rêvais à ces joies interdites : jeter quelques grenades en fleur aux jolies dan- seuses, allumer une cigarette au feu du ciel descendant sur Gomorrhe, et puis tous les hommes sont frères : ils s'ai- ment un peu, beaucoup... eff"euiller Téglantine rouge des révolutions et quand la troupe des figurants envahirait la salle en criant — le peuple murmure ! — , malgré le caquet des mitrailleuses, donner des conseils ironiques aux grands premiers rôles vêtus de la pourpre ridicule du grand soir.

Une femme était assise auprès de moi. Deux bras nus

�� �