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LES INTERMITTENCES DU CŒUR 399

Mais moi, je ne voulais voir personne. Et pourtant la veille à l'arrivée, je m'étais senti repris par le chaTme indo- lent de la vie de bains de mer. Le même lift silencieux, cette fois par respect, non par dédain, et rouge de plaisir, avait mis en marche l'ascenseur. M'élevant le long de la colonne montante, j'avais retraversé ce qui avait été autre- fois pour moi le m^^stère d'un hôtel inconnu, où quand on arrive, touriste sans protection et sans prestige, chaque habitué qui rentre dans sa chambre, chaque jeune fille iqui descend dîner, chaque bonne qui passe dans les couiloirs étrangement délinéamentés, et la jeune fille venue d'Amé- rique avec sa dame de compagnie et qui descend drner, jettent sur vous un regard où l'on ne lit rien de ce qu'on aurait voulu. Cette fois-ci au contraire j'avais éprouvé de plaisir trop reposant de montera travers un hôtel connu, où je me sentais chez moi, où j'avais accompli une fois de plus cette opération toujours à recommencer, plus langue, pUis difficile, que le retournement de la paupière et qui consiste à poser sur les choses l'âme qui nous est familière au lieu de la leur qui nous effrayait. Faudrait-il maintenant, m'étais-je dit, ne me doutant pas du brusque changement d'âme qui m'attendait, aller toujours dans d'autres hôtels où je dînerais pour la première fois, où l'habitude n'aurait pas encore tué :à chaque étage, devant chaque porte, le dragon terrifiant qui semblait veiller sur une existence enchantée, où j'aurais à approcher :de ces femmes inconnues que les palaces, les casinos, les plages, ne font, à la façon des vastes polypiers, que réunir et faire vivre en commun.

Quant à un chagrin .aussi profond que celui de ma mère, je devais le connaître un jour, on le verra dans la suite de ce récit, mais ce n'était pas maintenant, ainsi que je me le figurais. Néanmoins comme tin récitant qui devrait connaître son rôle et être à sa place depuis bien longtemps mais qui, arrivé seulement à la dernière seconde et :n'ayant lu qu'une fois ce qu'il a à dire, sait dissimuler assez habi-

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