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LES INTERMITTENCES DU CŒUR

��Ma seconde arrivée à Balbec fut bien différente de la première. Le directeur était venu en personne m'attendre à la gare, répétant combien il tenait à sa clientèle titrée, ce qui me fit craindre qu'il m'anoblit jusqu'à ce que j'eusse compris que dans l'obscurité de sa mémoire grammaticale, titrée signifiait simplement attitrée. Du reste au fur et à mesure qu'il apprenait de nouvelles langues, il parlait plus mal les anciennes. Il m'annonça qu'il m'avait logé tout en haut de l'hôtel. « J'espère, dit-il, que vous ne verrez pas là un manque d'impolitesse, j'étais ennuyé de vous donner une chambre dont vous êtes indigne, mais je l'ai fait rap- port au bruit, parce que comme cela vous n'aurez personne au-dessus de vous pour vous fatiguer le trépan (pour tympan). Soyez tranquille, je ferai fermer les fenêtres pour qu'elles ne battent pas. Là-dessus je suis mtolérable », — ces mots n'exprimant pas sa pensée, laquelle était qu'on le trouverait toujours inexorable à ce sujet, mais peut-être bien celle de ses valets d'étage. Je pourrais faire faire du feu si cela me plaisait, (car sur l'ordre des médecins j'étais- parti dès Pâques) mais il craignait qu'il n'y eût des « fixures » dans le plafond ; « surtout attendez toujours pour rallumer une flambée que la précédente soit con- sommée (pour consumée). Car l'important c'est d'éviter de ne pas mettre le feu à la cheminée, d'autant plus que

��I. Extrait de Sodoine et Gomorihe II, ouvrage qui paraîtra prochai- nement aux Editions de la Nouvelle Revue Française.

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