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LES REVUES 381

Quand Copeau est venu 'au Théâtre, il était un homme neuf, un novice, et par là un homme nouveau : c'est à cette circonstance, négli- geable en apparence, que le Vieux-Colombier doit aujourd'hui sa vigueur et son espoir, et qu'il devra plus tard une véritable technique, laquelle ne sera pas l'inconsistant résultat d'une foudroyante idée nou- velle ou l'impossible rêve d'une longue macération esthétique, mais la somme, le résidu et l'extrait d'un travail constant dans le même sens et le même esprit, travail contrôlé par la réalisation elle-même.

... La nouveauté ici consiste à n'en pas avoir. Et Copeau n'est venu au Théâtre qu'avec la passion profonde du Théâtre même, de ce qu'il appelle l'affaire, la chose dramatique, avec, dans l'esprit, « la pure configuration du chef-d'œuvre dramatique. » Armé d'une vision drama- tique aiguë, exclusive, personnelle, en dehors de toute contingence, au-delà de toutes les peintures et par-dessus toutes les architectures, en ignorance de la moindre machinerie, sans aucune théorie, sans la moindre « idée » et sans avoir la plus petite intention, il est entré au Théâtre dans l'absolu du Théâtre même. Et ceci est tellement vrai que Copeau ne peut pas s'exprimer « techniquement », qu'il lui est impos- sible de matérialiser lui-même son inspiration, de concrétiser son émotion, et que la réalisation doit naître sous ses yeux afin qu'il con- trôle par lui-même l'identité de cette émotion et de cette inspiration.

La technique du Vieux-Colombier ne peut pas s'écrire ou se décrire comme une invention ou un procédé ; mais on en connaît la formule : c'est la somme, le produit, l'expression de ce que j'appellerai les incompati- bilités techniques et les besoins dramatiques de Copeau.

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SIGNAUX 1

Aventures a failli être le titre de la revue ; il méritait de l'être : « Le goût de l'aventure, écrit Franz Hellens, n'est pas un tait permanent dans les lettres françaises. La pléiade l'a ignoré, parce qu'il n'y a pas d'aventure en arrière ; les clas- siques l'ont méconnu, crainte de déchoir. Les romantiques pensèrent le trouver au clair de lune ; c'était encore une erreur d'éclairage. »

SiGXAUX annonce donc un romantisme dont l'éclairage est rectifié, et l'information précise. Quelques noms sont aussi clairs : André Salmon, Max Jacob, Pierre Mac Orlan, Paul

I. 6, rue Joseph Bara, Paris ; et 1385, chaussée de Waterloo, Uccle- Bruxelles.

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