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3^4 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

raison d'être, son épanouissement total que l'espace de quelques soirées et dont, par suite, il importe de traiter sur le même pied les éléments durables et les éléments éphémères, le maquillage et le « pathos », l'éclairage et la poésie. Il s'agirait alors de réunir sur le théâtre, ne fût-ce que pour une fois, autour d'un thème dramatique suffisamment clair et puissant, tout ce qui serait 'susceptible de l'éclairer, de l'exalter, de le magnifier, disons : de le manifester (avec le plus d'éclat possible, de diversité et de force) à l'esprit, aux yeux, aux oreilles, d'un public sain, qui ne boude pas son plaisir. Paysages et défilés, coups de lumière et coups de théâtre, musique de scène, chœurs, décla- mation et poésie, ce serait la formule du pur spectacle requis pour un a théâtre populaire » et réalisant enfin cette fameuse a union des arts » rêvée et manquée par Wagner, en dépit ou à cause de son génie (trop abondamment musical et trop encombré de métaphysique) — mais réalisée, semble-t-il, par les tragiques Grecs, par les auteurs de nos mystères médiévaux et même, à la Cour du Grand Roi, par Molière et Lulli dans maintes comédies-ballets. Ceci ne s'improvise pas; un seul homme n'y peut suffire ; ou du moins, il faut, sous un homme qui serait le meneur du jeu, tout un faisceau de volontés consentant à se mettre au pas, à s'accorder, à se compléter, à se fondre, à subir en commun l'ascendant du sujet choisi. Or plus les éléments seront nombreux et variés, plus les coopé- rateurs devront étroitement se joindre...

C'est ainsi pourtant qu'est né cet été, après des études de plusieurs mois, le Roi David à Mézières. M. René Morax qui se chargeait du texte, réunit tout d'abord ses collaborateurs, acteurs, peintres et musicien et l'on convint qu'il s'agissait de tirer du Livre des Rois et des Psaumes davidiens, une série d'images épiques et lyriques illustrant la vie de David pasteur, chef de bandes, roi d'Israël, pécheur et pénitent, dans toute la simplicité de l'histoire. Le style en serait libre, à condition qu'il fût noble, large et brillant. — Aussi bien l'écrivain emprunta presque tout son texte aux Ecritures ; quand man- quait le dialogue, il eut recours au chant ; pas une scène dans son œuvre qu'un psaume aussitôt ne commente, le plus sou- vent chanté, parfois récité sur un fond d'orchestre, ou récité et chanté à la fois : d'où constant appel au musicien. De la

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