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362 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Henry Boulant que celui de Marie, la prostituée au cœur pur. Intérêt vif, mais par instants mélangé de déplaisance et d'irrita- tion, à cause d'une certaine inconscience cynique, de certains étalages inutilement pornographiques... Selon qu'on aura subi plus ou moins cette impression de malaise, on sera tenté de qualifier Histoire d'une Marie de quasi chef-d'œuvre, d'œuvre solide ou d'essai très estimable. Il semble au vrai que le ragoût principal de ce livre soit précisément dans le contraste entre la maîtrise disciplinée de la forme et le débraillé sans retenue, ni contrôle du fond.

Pour l'historien littéraire, il est intéressant de noter que ce livre d'un Bels^e ne dérive ni de la lignée Rodenbach-Maeter- linck, ni de la lignée Lemonnier-Verhaeren, que les personnages qui y sont peints ne sont ni des figures de vitrail, ni des buveurs de kermesses, et qu'on a l'impression, pour la première fois, de voir vivre dans un roman des gens du peuple, des bourgeois et des artistes vraiment belges. benjamin crémieux

LE THÉÂTRE

AU THÉÂTRE DU JORAT (canton de Vaud) : Le ROI DAVID (texte de René Morax, musique d'Arthur Honegger, décors et costumes d'A. Cingria, de /. Morax et d'A. Hu- gonnet^.

Comme nous avons le théâtre d'Orange, la Suisse possède à Mézières, village du canton de Vaud, le théâtre un peu moins antique du Jorat, fondé voici quelque vingt ans par M. René Morax pour y représenter ses œuvres. Ce que nous avons fait jusqu'ici du théâtre d'Orange, je ne le rappellerai pas. Le plus souvent nous nous sommes contentés d'y transporter des pièces classiques ou modernes qui n'étaient point à sa mesure. Le théâtre suisse du Jorat au contraire, bâti en planches sur le modèle de Bayreuth, avec une fosse pour l'orchestre et une scène admirablement machinée, est exploité par une direction autonome et compétente, qui sait bien ce quelle veut et ne néglige rien pour faire rendre à l'instrument son maximum. J'ai eu tout récemment la bonne fortune imprévue d'assister au dernier spectacle, le premier qu'on y monte depuis la guerre, et si j'ai le devoir d'en signaler la réussite, je dois aussi faire pro-

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