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348 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Et ceci encore, vision poignante du temps de la guerre :

]' ai pleuré par les nitits livides Et de chaudes nuits m'ont pleuré... Froides horreurs que rien n efface La terre écarte de sa face Ses longs cheveux indifférents.

Pierre Mac Orlan a dit comme il fallait pourquoi de tels vers doivent être admirés, et pourquoi ils touchent sûrement. Bien osé qui eût assigné des limites à un art aussi savant. Cette vie de Paris à laquelle il célébrait son retour plein de mélancolie et d'ironie lui eût inspiré d'autres chants, peut-être ceux que nous attendons encore. Il n'avait pas le fétichisme du progrès, mais il savait en découvrir les aspects imprévus et susceptibles de poésie.

Après Apollinaire, après Joachim Gasquet, Jean Pellerin ; il semble que la mort veuille parachever son œuvre de guerre et étouffer les voix qui protestent contre la brutalité des temps

nouveaux :

Le monde ti'a crié Lucine Que pour accoucher de l'usine. La fantaisie et le subtil Vont fuir le rcgne du morlingue ; Ils sont déjà dans le carlingue Et chacun dit : « Ainsi soit-il. »

Jean Pellerin, j'ai récité en mémoire de vous le poème que vous avez voulu me dédier. Quelles plus belles fleurs que celles inventées par vous-même jetîerai-je aujourd'hui sur votre tom- beau ? Est-il moyen plus noble et plus efficace de disputer un poète à l'indifférence des hommes que de répéter ses plus justes chants au seuil de l'ombre où, navrés, nous le voyons dispa- raître. ROGER ALLARD

  • *

EURYDICE DEUX FOIS PERDUE, par Paul Drouot (Société littéraire de France).

Nous savons qu'il l'aimait, qu'elle était belle, qu'elle partit, ce dont il eut un affreux désespoir... n'aurait-il pu la retenir ? question bouleversante qui le fait souffrir davantage. Nous savons qu'il se retira dans la solitude, à la campagne, pour se

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